Charbonnage du Hasard de Cheratte

  • Pays : Belgique, région Wallonne, province de Liège
  • Localisation : Cheratte / Visé
  • Type : mine de charbon
  • État : abandonné / réhabilitation en cours
  • Dates : construction 1848, fin d’exploitation 1977
  • Visites : mai 2006

Le charbonnage du Hasard de Cheratte est situé sur la commune de Cheratte-Bas section de la commune de Visé. Les premiers percement commencèrent peu de temps après la construction du carreau de la mine en 1848. Les deux premiers puits atteignent la profondeurs de 170 et 250 mètres mais en 1877 une partie de la mine fut noyé par une infiltration soudaine d’eau venue du fleuve de la Meuse toute proche. L’entreprise est liquidé suite à cet accident qui tua plusieurs mineurs. Resté désaffecté pendant 30 ans après cette fermeture, le site fut exploité à nouveau par la SA Charbonnage du Hasard de Cheratte basée à Micheroux à partir de 1907 qui fit de ce carreau l’un des plus importantes concessions de la région. Au plus fort de son exploitation, la mine produisait 1000 tonnes de minerai de charbon par jour.

Le site est constitué de plusieurs bâtiments et puits aux époques variées. Le puits numéro 1 est entouré des bâtiments les plus anciens de la mine en construction de briques rouges avec une architecture néo-médiévale. Ce puits numéro 1 reçoit une tour d’extraction en 1907 sous forme de tour d’une hauteur de 30 mètres. Fait intéressant les moteurs et les molettes de bobinage des câbles sont situés au sommet et non en contre-bas se qui distingue une tour d’extraction d’un chevalement où les moteurs sont déportés en contre-bas.

L’exploitation grandissant, un puits numéro 2 est percé en 1923 avec une tour d’extraction métallique aujourd’hui disparu. Il se situait entre le puits numéro 1 et le puits numéro 3 soit sur l’actuel dalle de béton du carreau recouvert de végétation où un trou béant signale la présence de cet ancien puits.

Plus tard viendra le puits numéro 3 creusé entre 1927 et 1947 sous forme d’une tour en béton qui remplacera l’activité du puits numéro 2. Prévu initialement pour être une tour d’extraction avec moteurs et molettes de bobinage à son sommet, il fut transformé en chevalement avec l’ajout des deux butées empêchant le basculement de la tour vers les moteurs en traction. Le chevalement serait la réalisation de la société Poismans.

Le puits numéro 4 dit « La Belle Fleur » est construit en 1927 sur la colline adjacente au carreau de la mine. Ce chevalement servira uniquement à remonter les stériles minières qui regroupe la roche, les résidus d’extraction et la poussière. La particularité de ce chevalement est que les ascenseurs n’atteignent pas la surface par le puits mais s’arrêtent au niveau du carreau de la mine dans la colline. De là une galerie de roulage est aménagée pour faire transiter les berlines jusqu’au carreau de la mine. Le puits numéro 3 en béton restera le plus actif jusqu’à la fermeture de la mine, le puits numéro 1 servant d’aération et de puits de secours, le puits numéro 2 remplacé par le puits 3 et le puits numéro 4 ayant un usage bien spécifique pour les déchets de production et l’aération.

Dans les années 1920 différents aménagements supplémentaires voient le jour comme de nouvelles voies de communication pour acheminer le charbon, une cité ouvrière construite à partir de 1925 pour accueillir les familles des mineurs. Le carreau accueilli jusqu’à 1500 ouvriers en 1930 avant de stagner autour de 800/1000 ouvriers jusqu’en 1987 date de fermeture de l’usine.

Une caractéristique originale de carreau de Cheratte vient du fait que depuis l’origine de la mine, les mineurs ont accès à des vestiaires avec casiers individuels en remplacement des salles de pendus et ont à disposition des douches individuelles et non collectives comme sur les carreaux habituels de charbon. Dans le bas des bâtiments les plus anciens en brique, se trouvent les bureaux administratifs pour la paie, les ateliers des lampes et des appareils respiratoires. La lampisterie est une grande salle emplit d’étagères avec des rampes de chargements pour les lampes électriques des mineurs. Dans le hall au centre des bureaux et ateliers les mineurs venaient chercher leur matériel et l’assignement d’équipe et de chantier pour leur journée.

D’un point de vue préservation du site, la tour du puits numéro 1 est classé aux monuments historiques depuis les années 1980, en 2007 les façades et les toitures du phalanstère, la salle des machines, le chevalement du puits numéro 4, la colline boisée et la cité-jardin sont aussi classés. Il semble dommage que le puits numéro 3 ne fasse pas parti du lot.

En avril 2012, le site de Cheratte fait parti de la liste des sites à réhabiliter (SAR), 2,7M€ seront consacrés par la Wallonie pour acquérir le site, démolir les parties non classées et effectuer des travaux d’étanchéité et de sécurisation des bâtiments et du site. Par la suite un projet public/privé donnera lieu à un Eco Projet sur le site de la mine. Après de nombreuses années de bataille, le site va faire l’objet d’une expropriation du propriétaire qui bloquait l’avenir du site depuis 1977 par différents moyens. La vision sur l’avenir exact des différentes parties n’est cependant pas connu à l’heure actuelle, il serait souhaitable que d’autres parties actuellement non classées soient sauvegardées afin de ne pas dénaturer le site qui a déjà perdu une tour d’extraction et qui risque de perdre le chevalement le plus récent alors que l’emprise au sol est minime.